La seule qualité qui vaut autant que le talent
Je conseillais l’autre soir un écrivain bloqué dans la réécriture de son roman, plus par découragement que par manque de talent (vous me connaissez assez pour savoir que je ne crois pas au manque de talent [1]). Je lui rappelais le mot de Buffon : « Le génie n’est qu’une plus grande aptitude à la patience », que Flaubert reprendrait à son compte en l’amendant légèrement : « Le talent est une longue patience » (d’après Maupassant dans sa préface de Pierre et Jean).
Patience. Écrivez un paragraphe à la fois, réécrivez plus lentement encore, phrase après phrase. La seule chose qui sépare ceux qui finissent de tous les autres est que ceux-ci ont renoncé trop tôt quand ceux-là persévéraient malgré leurs doutes (eh oui, n’étant pas des surhommes, ils doutent quand même un peu). L’écriture d’un roman s’étale sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années, et personne n’est là pour vous remonter le moral dans les creux de cette traversée en solitaire. (Mais on vous attend à l’arrivée avec une bouteille de champagne.) C’est pourquoi un roman s’écrit avec autant de patience que de talent. Ne renoncez pas.
En parlant de talent… J’ai récemment convié deux écrivains que je conseille depuis des années à une présentation vidéo d’une heure sur Zoom (à l’ergonomie pour le moins douteuse, mais passons) pour les aider à mieux parler de ce qu’ils écrivent. Je le fais autant pour eux que pour moi – à quoi bon avoir du talent si on bafouille dès qu’on en parle ? D’autres présentations suivront, une tous les deux mois, chacune enregistrée et accessible en différé, chacune répondant à un problème spécifique qui sépare des écrivains talentueux de leurs plus fidèles lecteurs.
J’ai intitulé cette nouvelle série Les Talents souverains, car elle est destinée à émanciper les écrivains pour les aider à nouer une alliance inédite avec leurs lecteurs. Voici un extrait du premier Talent souverain, où je présente l’idée à l’origine de la série.
Pour l’instant sur invitation seulement, ces rencontres seront bientôt ouvertes au public. Que les intéressés remplissent ce formulaire et je les préviendrai le moment venu. D’ici-là… patience.
Continuez d’écrire,
Th.
Je crois éventuellement aux talents immatures. Le talent se travaille, s’apprivoise, se désire. Très souvent, un manque de talent n’est qu’une ambition garrottée par une modestie déplacée, la peur de… de quoi, au juste ? De ne pas être à la hauteur ? Cela tient au fait que l’on compare ce qu’on ne devrait jamais comparer : ses débuts fragiles à la maturité triomphante, ses pauvres ratures à un quelconque chef-d’œuvre. Ne craignez pas votre talent futur. Désirez-le plus que tout. ↩︎
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